Sophie Calle présente l’absence à la galerie Perrotin

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Peu d’œuvres pour exprimer le désarroi, le désœuvrement, l’admiration, l’indifférence ou le rejet. Sophie Calle s’intéresse aux œuvres disparues, volées, brûlées, parties, perdues à jamais.

Pour en parler, elle se tient au dernier endroit où le tableau (ce sont pour la plupart des tableaux) s’est trouvé. Elle photographie cette place, ce mur ou ce tiroir, rencontre les dernières personnes qui ont côtoyé l’œuvre en question et leur demande s’ils s’en souviennent. Comme s’il s’agissait d’une personne, d’un proche, ami, ennemi juré ou simple voisin. Les personnes racontent leur relation à l’œuvre. Certains la regrettent,  d’autre pas du tout, d’autres (plus rares) se félicitent du destin funeste. Il y a aussi les mémoires, désolées, qui ont oublié les détails…

Pour cinq œuvres de Veermer et Rembrandt, qui ont été volées, jamais retrouvées, les musées ont décidé de laisser exposés les cadres béants. Sophie Calle est allée à la rencontre de visiteurs, et leur a, à eux aussi, demandé leur avis. Les réponses étaient curieuses. Il y a celles et ceux qui se projettent dans leur imaginaire avec une histoire romanesque qu’ils s’inventent au pied levé : les personnages se sont animés et sont partis. Il y a les cartésiens qui ne voient que le vide et ce qu’il laisse paraître. Il y a ceux qui voient dans l’espace donné par l’encadrement, une nouvelle œuvre, ceux qui précisent qu’ils voient les détails du cadre pour la première fois avec autant d’acuité. Il y a une femme qui ne voit que la tristesse du vol et sa propre tristesse. Il y a l’œil qui pense que le tableau en question ne méritait pas ce vol, que les voleurs s’étaient sûrement trompés. Humour ou amertume, rien ne laisse présager ce qu’il en est.

Amateurs d’art n’est pas qui veut 

Sophie Calle montre, par son travail de photographe et d’écrivain, la place que prend l’art dans la vie de chacun et démontre que ces chacun ont un rapport personnel et unique avec les œuvres d’art.

C’est une démarche intéressante parce qu’elle met en évidence que briller par son absence peut être un art à part entière alors que ces voleurs d’œuvres, si cultivés soient-ils, privant le reste du monde de se réjouir les yeux (ou pas), n’auront jamais que l’illusion d’être des amateurs d’art.

décalaj

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