Henri Cartier-Bresson photographie la part moins visible du monde

Dominique Julien

L’œuvre de Henri Cartier-Bresson (1908-2004) est exposée au Centre Pompidou jusqu’au 9 juin 2014. Une occasion, pour le public, de (re)découvrir, les dessins et les peintures de ses débuts d’artiste.

De 1926 à 1928, l’artiste apprend aux côtés d’André Lhote les règles classiques de la géométrie, visibles dans ses peintures et, plus tard, dans ses prises de vue. Le photographe est un adepte de la déambulation urbaine. Il aimait se poster près de lieu où lignes et formes apparaissaient naturellement, crées par des ombres ou des matières. Il attendait alors patiemment que surviennent un passant, un cycliste, des enfants… En 1926, le photographe fréquente les surréalistes et s’essaye à la photo inédite et donne lui, par exemple, à la photographie d’un visage à deux sens. L’artiste a dessiné préalablement une bouche sur le cou de son sujet ainsi qu’une narine sur le menton, donnant deux visages à percevoir en un.

Le photographe du peuple

Ce qui intéresse avant tout le jeune photographe, c’est le jeu, le rôle que l’inconscient joue dans la lecture de l’image, le côté subversif, l’inattendu. Dans cet esprit, militant communiste comme nombre de surréalistes, Cartier-Bresson couvre le couronnement de Georges VI en mai 1937. Ignorant royalement l’événement du jour, il en revient avec des clichés montrant la foule. Le peuple se donnant du mal pour apercevoir comme il peut le souverain inatteignable. Mais aussi la misère d’un homme, dormant à même le sol, offrant aux yeux du public le contraste sévère du protocole et du dénuement.

En 1947, il cofonde l’agence Magnum et se consacre au photoreportage. Là encore, l’artiste s’attache à montrer la vérité. La condition des peuples, l’envers du décor. Observateur du monde, il s’attache à montrer la transformation de la société d’après 45. La société de consommation, l’esprit révolutionnaire, l’absurdité de l’aliénation de l’homme par la machine, les foules. Témoin du monde, Henri Cartier-Bresson laisse un fonds photographique riche et l’image d’un homme engagé à montrer la part moins visible du monde.

 

décalaj

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